PROLOGUE

     Les doigts courent sur le clavier. Ils courent avec la rapidité et l’insolence propres aux plus grands virtuoses de ce monde. Fins et délicats, agiles et véloces, ils semblent survoler les touches. Avec leur technique remarquable, ils mettent en musique les pensées et les envies momentanément légères de leur propriétaire, dont le haut du corps gracile se balance doucement, dansant au rythme et au ton gai de la chanson sans parole. Chanson qui, graduellement, subtilement, passe du majeur au mineur. La musique raconte une histoire, ni blanche, ni noire, remplie de bons comme de mauvais moments. L’histoire des aléas d'une vie. La sienne, ou celle des autres. Le majeur revient en force.

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    Dans la rue quelques mètres plus loin, une grande main tient un crayon bien usé. Il gratte le papier blanc, qui ne va pas le rester longtemps. Déjà, des traits arrondis le noircissent. Des traits d’une finesse impressionnante, épais à des endroits bien précis. Quelques secondes s'écoulent. Le crayon effectue des passages répétés, créant de cette manière des ombres, des nuances donnant du relief et du réalisme. Un moment plus tard, une fleur d’une beauté saisissante apparaît comme par magie, attirant les regards de quelques passants curieux. Les détails si fins des pétales et de toutes les autres parties de la fleur impressionnent ceux qui osent prendre le temps de s’arrêter pour jeter un coup d’œil à l’œuvre naissante.

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     Chaque être possède son propre talent. Seuls, ils peuvent se suffire à eux-mêmes. Ensemble, ils peuvent donner naissance à des choses extraordinaires.